Tout le monde vous le dira : les plus prestigieux concours ne sont (souvent…) que peu de chose à côté des concours… de circonstances !
Et c’est bien ce qui est arrivé à Grenoble, autoproclamée « capitale des Alpes » dans les années soixante.
Conservateur en chef du patrimoine, Jean Guibal le résume en trois points : « La Ville s’est payée un lifting architectural et urbain qui a coûté très cher, mais dans lequel l’Etat a mis beaucoup d’argent ! Et le maire Hubert Dubedout a très bien su gérer ça… »
Ensuite, « c’était quand même la première fois que les Jeux étaient retransmis en couleurs par la télévision ! La notoriété s’est révélée formidable et, en quelques semaines, le dynamisme de la ville sautait aux yeux. »
Et enfin, « cela a donné un coup de punch au moral des Grenoblois ! D’autant que la Ville a su rester dans cette période faste, confortant le rôle de laboratoire scientifique, social et culturel qui avait déjà été amorcé ! »
Le propos scientifique fait place à un souvenir plus personnel : « A l’époque, j’ai quitté Paris pour Grenoble ; eh bien tout le monde me disait « Qu’est-ce que tu as de la chance ! »… C’était la ville où il fallait aller, avant Montpellier plus tard, puis Nantes et Toulouse aujourd’hui… »
Ce qu’Olivier Renaud, journaliste grenoblois reconverti dans l’administration territoriale, ramasse en une jolie formule : « Grenoble est très rapidement devenue le XXIe arrondissement de Paris… »
Il est vrai que l’on ne se mouche pas du coude – comme l’on dit trivialement : le nouvel hôtel de ville est conçu par l’architecte Maurice Novarina, la Maison de la Culture par André Wogenscky, qui travailla avec Le Corbusier, et le Palais des Sports par Robert Demartini et Pierre Junillion.
La préfecture de l’Isère se dote également d’une nouvelle gare, d’un embryon d’autoroute – d’une (petite…) quinzaine de kilomètres – en direction de Lyon et, surtout, de nouveaux quartiers ; le Village Olympique accueillera les athlètes tandis que, juste à côté, Malherbe servira de centre de presse.
Universitaire, journaliste et écrivain, Pierre Frappat , qui fit, mais ensuite seulement, partie de l’équipe municipale d’Hubert Dubedout, se montre (légèrement…) plus circonspect.
Sur le fond, ce fut bien évidemment « une excellente opportunité et une bonne affaire. » Reste que, « sur le moment, les Grenoblois n’ont pas complètement saisi. » En d’autres termes, « quand les chantiers démarrent un peu partout fin 1965, ils leur sautent littéralement à la figure… » …
(Pour en savoir plus… veuillez-vous reporter à la page 157 de l’édition 2018).