1835 arrive le Père Benoît

Cette année-là, la veuve Rivet qui a assuré la succession de son mari, voit arriver sur le marché un redoutable concurrent en la personne du Père Benoît qui publie la première édition de son almanach, avec des pages absolument identiques (le calendrier) à celles de la veuve Rivet. Peut-on parler de plagiat ou d’accords rédactionnels ? les droits d’auteur n’existaient pas à l’époque. Mais le Père Benoît y introduit surtout avec une grande nouveauté : l’almanach du « cultivateur et du jardinier ».

C’est ainsi que les conseils du jardinier datent de 175 ans !

Exit les prédictions farfelues, le Père Benoît est plus sérieux, il se contente de présenter une revue des faits marquants de l’année précédente.

On apprend donc que des « émeutes se sont produites dans diverses régions, et que des ouvriers ont cessé de travailler afin d’obtenir une augmentation de salaire. Que du 9 au 15 avril c’est une véritable guerre civile qui s’est engagée dans les rues de Lyon, puisque 1 200 personnes y ont trouvé la mort. » Il s’agit de la révolte des canuts dont le bilan définitif est de 300 morts et 600 blessés. Partie de Lyon, l’insurrection s’était étendue à de nombreuses villes de France dont Saint-Etienne, Arbois, Chalon, Grenoble, Vienne, Clermont.

Le Père Benoît fait aussi état, dans la nuit du 26 au 27 août, d’un orage épouvantable venu « jeter la consternation » notamment à Saint-Galmier, Saint-Etienne, Rive-de-Gier et Givors où des torrents de boue ont entraîné des ponts et des maisons. Un « horrible déluge dans lequel plusieurs personnes ont péri, des bestiaux ont été submergés et des familles ont été réduites à la misère. »

A noter également que le Père Benoît consacre une page entière pour expliquer les bienfaits de la vaccination (que l’on appelle à l’époque la vaccine et qui ne concerne que la petite vérole) en s’adressant notamment aux jeunes couples : « faites vacciner vos enfants, vous leur épargnerez bien des souffrances et aurez la satisfaction d’avoir une plus jolie famille ».

Une page aussi dans ce nouvel almanach, fait la promotion des Caisses d’Epargnes (avec un S) : « le peu d’argent que vous épargnerez ne vous rapportera rien si vous le gardez dans votre bourse, et de plus, l’envie vous prendra de le dépenser. Tandis que si vous le placiez, il vous rapporterait l’intérêt » (le taux de l’époque est de 4 %). Portez votre argent à la caisse d’épargnes… Le Père Benoît de préciser : « Cet établissement est soutenu par une société recommandable, composée des principaux habitants de la ville ».

On le voit, avec le Père Benoît on passe de prédictions plus ou moins farfelues, à des conseils en tous genres. Une manière originale de contribuer à l’éducation et à la formation des personnes.

C’est vraisemblablement ce qui a fait la double différence, puisque de cette date, dans notre région, l’Almanach Double-Milan « rédigé et mis en ordre » par le Père Benoît va devenir LA référence. Il est alors imprimé et édité par Jean Marie Boursy, au 19 rue de la Poulaillerie à Lyon.

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