Naissance de Mme de Sévigné

Marie de Rabutin-Chantal, épouse de Sévigné, la marquise épistolière, est née à Paris il y a quatre cents ans, le 5 février 1626. Décédée le 17 avril 1696 à Grignan, dans la Drôme, elle est passée à plusieurs reprises à Lyon, lorsqu’elle allait voir sa fille.

Célèbre par sa correspondance et familière des milieux parisien et ver- saillais, elle reste un modèle d’écriture et un témoin inégalable du Grand Siècle. Vivant à la cour de Louis XIV (1643-1715), cette Parisienne qui a épousé un Breton s’est voulue le témoin de son temps, à destination de sa fille chérie, en quelque sorte exilée en province, plus particulièrement en Provence.

Veuve à vingt-cinq ans

Un autre lien avec la région se manifeste par sa grand-mère paternelle, Jeanne Frémyot, baronne de Chantal (1572-1641), qui fut aussi une grande épistolière ; le père de celle-ci, Bénigne Frémyot (1538-1611), était président à mortier [de chambre] au Parlement de Bourgogne, région d’origine de la famille, venue plus particulièrement du Charolais. Veuve avec six enfants en 1601, elle a fondé l’ordre de la Visitation avec son directeur spirituel, François de Sales (1567-1622), évêque de Genève résidant à Annecy à cause de la Réforme calviniste.

Le premier couvent a été établi en 1615 à Lyon (la ville en accueillera deux nouveaux), suivi de 12 autres, aux- quels elle en ajoutera 74 après la mort de saint François. Elle-même sera canonisée en 1767, les visitandines étant aujourd’hui quelque 3 500 à travers le monde. Sainte Jeanne de Chantal a élevé la future Mme de Sévigné de 1634 à 1636. Mentionnons une troisième femme de lettres dans la famille, Marie-Angélique du Gué de Bagnols (1641-1723), épouse de son cher cousin germain Philippe-Emmanuel de Coulanges (1633-1716), lui-même auteur d’une correspondance, de mémoires et, surtout, de chansons.

Un autre parent, son oncle l’abbé Christophe de Coulanges (1607-1687), dit « le bien bon », aura été tout à la fois son ami paternel et l’administrateur de ses biens. Elle lui doit une grande partie de sa solide éducation, avec en particulier une connaissance parfaite de l’italien et une assez bonne du latin et de l’espagnol, même si elle lisait les auteurs latins dans des traductions italiennes.

En 1644, âgée de dix-huit ans, elle épouse Henri de Sévigné (1623-1651), de vieille noblesse bretonne, liée à la seigneurie de Sévigné dans la région rennaise (d’où l’adjonction, en 1921, du nom Sévigné à la commune de Cesson). Mais, alors qu’elle se trouve en Bretagne, son mari est tué, pour les beaux yeux de sa maîtresse Charlotte de Gondran dite « la belle Lolo », lors d’un duel avec François Amanieu, seigneur d’Ambleville, chevalier d’Albret, lequel périra de la même façon en 1672 ; celui qui avait été aussi l’amant de la courtisane, salonnière et épistolière Ninon de Lenclos (1620-1705) – on connaît ses lettres au marquis – est inhumé dans le premier couvent parisien de la Visitation [aujourd’hui temple du Marais].

Couverture Almanach du père Benoit
Pour lire la suite procurez-vous l'Almanach Edition 2026