La mission Berliet dans le Sahara

La fameuse expédition Berliet de 1926, connue également sous le nom de mission Sahara Niger, n’a pas été liée soit à ce qu’on appellerait aujourd’hui un coup de pub soit à une lubie de l’industriel lyonnais.

Il s’agissait au contraire de quelque chose de réfléchi, plon- geant ses racines dans l’histoire de la marque à la locomotive et même, plus généralement, dans l’épopée automobile de la première moitié du XXe siècle.

Cela s’inscrit en outre dans le souci du pouvoir métropolitain de favoriser le développement de l’Afrique du Nord, plus particulièrement de l’Algérie, où la population européenne ne cessait d’augmenter, triplant en quarante ans, passant de 250 000 habitants en 1872 à 750 000 en 1911, l’arabo-berbère montant de 2 à 4,5 millions.


Dès 1906 en Algérie

On se souvient que Marius Berliet (1866-1949) avait construit son pre- mier moteur monocylindre en 1894 et sa première voiture en 1895. Dès 1899 il crée la société Automobiles Marius Berliet, très vite communément appe- lée de son seul patronyme. Il fabrique alors des engins personnels, ce qui durera jusqu’en 1939, date à partir de laquelle il propose exclusivement des véhicules industriels.

Le 1er juillet 1905, l’American Loco- motive Company (ALCO), fondée quatre ans plus tôt à New York et qui durera jusqu’en 1969, parce qu’elle souhaitait se diversifier dans l’automobile, choisit Berliet pour l’acquisition d’une licence de trois ans pour produire trois modèles.

Cela amène une manne financière à l’entreprise lyonnaise : elle dispose dorénavant de moyens pour de nouveaux projets. Voilà comment, à partir de 1906, Berliet commence à sortir des camions et en envoie en Algérie pour des essais, mais l’expérience ne se révèle pas concluante. Déçu mais têtu, Marius Berliet veut effacer l’échec et prouver que ses véhi- cules à essence sont fiables. Il prépare donc son retour en Algérie. Ambitieux, il veut organiser une traversée nord-sud, autrement dit en direction du Sahara, une tentative jamais mise en œuvre. Dans le même temps, des voitures Berliet remportent de nombreux prix lors de courses automobiles en France et à l’étranger.

Il faut attendre 1909 pour qu’un camion Berliet chargé de trois tonnes de fret relie pour la première fois les 330 km d’Alger à Laghouat en dix jours. Le périple a bénéficié de l’aide de la population pour avancer dans le sable grâce à des planches de bois cerclées de fer glissées sous ses roues ; à Médéa, il gravit 12 km de côte à la vitesse de 9 km/heure. Comme aucun camion n’est jamais arrivé à Laghouat, l’évé- nement favorise la notoriété du constructeur. Il faut relever que, la même année, Berliet inaugure sa première succur- sale à Alger, ouvrant une présence durable en Afrique ; en 1912, une seconde est établie à Oran.



Couverture Almanach du père Benoit
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